Retour Santé, logement, éducation : protéger les minorités en temps de crise

Santé, logement, éducation : protéger les minorités en temps de crise

Comme c’est souvent le cas lors des grandes crises sanitaires, sociales ou économiques, les groupes les plus vulnérables, notamment issus des groupes minoritaires, ont été particulièrement exposés aux risques et aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Certaines villes ont pris des mesures qui pourraient servir d’exemples à d’autres collectivités territoriales. C’est ce qu’a montré un débat organisé par la Commission des questions d’actualité du Congrès sur « la protection des minorités dans les villes et les régions en temps de crise : les leçons tirées de l’épidémie Covid-19 », le 16 septembre 2020.

Députée française et présidente de la sous-commission de la santé de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Jennifer de Temmerman a rappelé que « nous ne sommes pas égaux devant les pandémies », et que ce sont les minorités et les groupes les plus précaires, qui sont les plus touchées. Beaucoup de personnes en situation précaire exercent des professions de « première ligne » et continuent à travailler même lorsqu’elles sont infectées par le virus, car elles ne peuvent pas se permettre d’arrêter. De même, les personnes sans abri sont fragilisées par la fermeture des espaces publics où elles pouvaient séjourner. La situation des Roms a été particulièrement difficile, car leurs conditions de vie et de logement entravent le respect des mesures de prévention et des « gestes barrière ».

En outre, des minorités ont parfois été accusées d’avoir accéléré la propagation de la maladie, et l’on a relevé une augmentation inquiétante du discours de haine à l’encontre de certains groupes, comme les Roms ou les personnes LGBTI+.

L’Assemblée Parlementaire prépare un rapport sur la question des minorités face au Covid-19. « Les collectivités territoriales ont joué un rôle de premier plan face à la maladie, et doivent faire de même en ce qui concerne la protection des minorités dans ce domaine », estime Jennifer de Temmerman. Elle souligne l’importance de tenir compte des besoins des minorités dès l’élaboration des mesures de protection, et d’associer les représentants de ces dernières aux instances de décision. Elle plaide pour des actions de santé et de prévention équitables, égalitaires et transparentes. Enfin, constatant les dommages collatéraux de la pandémie sur d’autres aspects de la société, et notamment les droits humains, elle souhaite une meilleure prise en compte des répercussions, pour les minorités, des mesures prises contre la maladie. « La question des minorités est aussi une question de santé, a-t-elle conclu, car personne ne sera vraiment à l’abri tant que l’ensemble de la société ne sera pas à l’abri ».

Le Congrès a souligné dès 2017 le rôle des collectivités locales comme premier point d’accès pour les migrants et demandeurs d’asile en matière de logement, de santé et d’éducation, a rappelé le représentant spécial de la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe sur les migrations, Drahoslav Štefánek.

Il a cité quelques pays et villes ayant déjà traduit ces principes dans les faits, avec notamment la possibilité pour les migrants d’obtenir des soins de santé gratuits et sans formalités, par exemple au Portugal, en Pologne ou en Turquie. En matière de logement, Barcelone et Lisbonne ont pris des mesures afin d’éviter que des personnes vulnérables ne se retrouvent à la rue ; Berlin, Genève, ou Ioannina (Grèce) ont mis des logements à la disposition des personnes sans abri et Dudelange (Luxembourg), a réservé des hôtels pour accueillir des victimes de violences domestiques.

En matière d’éducation, le manque d’équipements adaptés a souvent rendu impossible l’enseignement à distance pour les enfants issus des communautés les plus vulnérables. A Milan, du matériel informatique a été collecté pour leur permettre de suivre tout de même une scolarité en ligne.

Enfin, M. Štefánek a rappelé que beaucoup de migrants ont contribué au maintien des activités essentielles de la société. Ils constituent une ressource trop souvent sous- estimée, alors que la reconnaissance de leur contribution faciliterait aussi leur inclusion.

A l’issue de ces exposés, Mustafa Palancıoğlu (Turquie, PPE/CCE) a souligné que la Turquie accueillait plus de 4 millions de réfugiés sur son sol, ce qui fait d’elle le premier pays au monde en matière de dépenses pour ces derniers : il a réclamé plus d’aide de la part de l’Europe dans ce domaine.

Agenda et documents :
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Contact :
Sedef Cankoçak, tél. +33 3 88 41 30 25

Voir aussi :

Current Affairs Committee- 16 September 2020

Commission des questions d'actualité Strasbourg, France 16 septembre 2020
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