La Convention d’Oviedo appelle expressément les états membres et les associations professionnelles à définir des normes et des obligations de qualité dans son article 4. Comment la médecine, en tant que profession, fixe-t-elle ses propres normes en matière de soins cliniques et de relations médecin‑patient, et en fonction de quels objectifs ou de quelles valeurs ? Le présent chapitre propose à cet égard un cadre théorique pour comprendre la médecine en tant que profession autonome. Ce cadre est conforme à nombre des valeurs prescrites dans la Convention d’Oviedo ; cet aspect sera examiné plus en détail au chapitre intitulé « Les conséquences potentielles de l’IA sur les relations médecin-patient ».

Une approche influente qui définit des fins idéales (et par voie de conséquence des normes et des biens internes) pour la médecine, et fondée sur l’éthique des vertus d’Alasdair MacIntyre, a été proposée par Pellegrino et Thomasma. En vertu de cette approche, la médecine peut être considérée comme une « pratique morale », avec des vertus décrivant les qualités requises des médecins, en plus des « connaissances scientifiques et médicales, des aptitudes pratiques et de l’expérience qui garantit que le médecin fait ce qu’il faut en adoptant la bonne attitude pour atteindre les objectifs de la médecine ». Selon la définition de MacIntyre, la médecine est une pratique morale, car en tant que profession autonome, elle définit et respecte des normes internes de qualité pour la prise en charge médicale ainsi que des processus de certification visant à maintenir ces normes.