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(Seul le texte prononcé fait foi)
Discours de Juli Minoves Triquell, Ministre des Affaires Etrangères de la principauté d’Andorre
Varsovie, 17 mai 2005
L’architecture européenne: voici le sujet que nous sommes tenus d’aborder aujourd’hui, en cette deuxième journée du sommet du Conseil de l’Europe. L’Europe est diverse et multiculturelle. Autour de racines communes, elle a construit au cours des siècles une mosaïque de pays proches mais uniques lesquels, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, et plus près de notre époque, depuis la chute du mur de Berlin, s’efforcent de façonner un destin commun, prenant comme points de repère la paix, le respect des droits de l’homme, la démocratie et la prospérité découlant d’un marché unique. Pour ce faire plusieurs organisations ont été créées : citons le Conseil de l’Europe, l’Union Européenne, et l’OSCE.
Le Conseil de l’Europe est la doyenne de ces organisations et la plus représentative de la totalité du continent puisqu’elle regroupe la presque totalité des Etats qui de par leur géographie et leurs cultures constituent la grande Europe. De l’Atlantique à l’Oural, et même au-delà, le Conseil de l’Europe a institué un modèle commun de conduites acceptables en matières de droits de l’homme et de libertés fondamentales que nous sommes tous tenus de respecter. De plus, il est devenu un forum de débat et de rencontres bilatérales où tous les Etats, grands ou petits, se retrouvent à la même table, sans exclusions, sauf pour ceux qui ne respecteraient pas ses principes fondateurs.
Dans le processus de construction d’une Europe unie, le Conseil de l’Europe représente les fondations sur lesquelles nous pourrons bâtir la maison commune. Il a permis que les Etats d’Europe occidentale qui sortaient d’une guerre fratricide se donnent la main il y a plus de cinquante ans, il a motivé l’évolution constitutionnelle de plusieurs Etats, tels que le mien, il a intégré les petits Etats sur un pied d’égalité, enfin il a accueilli nos frères de l’est après la chute du communisme. Le tribunal européen des droits de l’homme veille constamment à ce que nos principes fondateurs soient bien appliqués dans nos territoires respectifs.
Il est essentiel que nous réaffirmions tous en ce jour notre engagement envers le Conseil de l’Europe, au plus haut niveau. Ce sommet qui nous réunit à Varsovie a surgit, en grande partie, du souhait de beaucoup d’entre nous de clarifier l’architecture de l’Europe à un moment historique où se consolide l’Union Européenne avec la possibilité d’adoption d’un Traité Constitutionnel. L’Europe du Marché commun a dépassé depuis longtemps ses premiers objectifs économiques : elle s’est agrandie à l’est, et a ouvert ses objectifs à un espace de sécurité et de prospérité que peux pouvaient imaginer il y quelques décennies. Bientôt, une agence européenne des droits de l’homme sera le bras des droits et des libertés de l’Union Européenne. La déclaration de Varsovie que nous adopterons aujourd’hui veut éviter les duplications. Au fonds nous devons voir le Conseil de l’Europe, l’Union Européenne et l’OSCE comme des institutions complémentaires tendant toutes vers l’ultime objectif d’unité européenne dans la richesse de la diversité.
Mon pays, l’Andorre, est une bonne illustration de ce souhait d’unité dans la diversité. Il appartient au Conseil de l’Europe dont il partage les objectifs. Il participe de l’avancée de l’Union Européenne avec laquelle il a une union douanière et un récent accord de coopération ; qui plus est, il est à l’origine, en compagnie d’autres petits Etats du continent, d’une déclaration annexée à l’article 1.57 du projet de Constitution pour l’Europe, portant sur la proximité spécifique avec l’UE des Etats de petite dimension territoriale. L’Andorre encore participe pleinement aux travaux de l’OSCE dont elle a présidé le Forum pour la sécurité et la coopération récemment.
Nous tous autour de cette table, avons le souci de nous rapprocher les uns des autres dans le plus grand nombre de domaines, chacun de nous avec nos particularités héritées de la riche histoire européenne. Sachons avancer dans les trois cercles d’intégration, -Conseil de l’Europe, Union Européenne et OSCE-, en réaffirmant, comme nous le faisons dans la déclaration de ce sommet, que l’unité surgira de l’utilisation complémentaire et non concurrentielle des trois organisations. L’Europe le mérite.
Je vous remercie.