La lutte contre le racisme dans les stades de football
Quand l’Espagne a battu l’Angleterre lors d’un match de football amical en février 2009,
les yeux étaient braqués sur les tribunes autant que sur le terrain.
Bien que le match se soit déroulé sans incident, les supporters espagnols étaient sous
étroite surveillance tant de la part des militants antidiscrimination que des instances du football européen. Cinq ans
auparavant, en effet, un match tristement célèbre avait opposé les mêmes équipes au stade Bernabeu
de Madrid. Quelque 2000 supporters espagnols avaient alors agoni d’injures et de chants racistes les joueurs noirs de
l’équipe anglaise chaque fois qu’ils touchaient le ballon.
Les supporters ont été sévèrement condamnés. ''Il est inacceptable de se
conduire de cette manière, que ce soit dans un stade de football ou en tout autre circonstance'', avait déclaré
la ministre espagnole des Sports, de l’Education et des Sciences, Maria Jesus san Segundo.
''Cela témoigne d’un manque d’éducation. Nous sommes en train de mettre en place un
apprentissage de l’égalité dans le programme scolaire national. Les jeunes doivent comprendre que, quels que
soient leur sexe, leur couleur et leur culture, tous les êtres humains se valent.
''Je rencontre par ailleurs le secrétaire d’Etat [espagnol] aux Sports pour réfléchir
à d’éventuelles sanctions au cas où ce genre d’incident se reproduirait. »
Les mesures prises par l’Espagne à la suite de l’incident ont marqué une nouvelle
phase dans les efforts entrepris pour mettre fin aux comportements racistes à l’encontre des joueurs noirs dans les
stades de football.
En réalité, les autorités compétentes en Europe continentale s’évertuent
depuis des décennies à venir à bout de ce problème, comme l’admet avec franchise l’instance
dirigeante du football international, la FIFA, sur son site web.
On peut y lire : ''Si le racisme dans le football n’est certes pas un fléau aussi ancien que le
racisme dans la société en général, il n’est cependant pas si récent que l’inquiétante situation actuelle pourrait le faire croire.
''Il est incongru que le problème se soit accentué à une époque où la
mobilité des joueurs est plus grande que jamais, non seulement entre les pays mais aussi entre les continents et alors que
les groupes ethniques sont désormais intégrés dans leur pays d’adoption depuis plusieurs
générations. Le moment est venu de prendre le problème à bras le corps''.
Pour les joueurs noirs, de Lisbonne à Larnaca, il est en effet plus que temps. En Espagne et en Italie,
certains ont même menacé de quitter le terrain plutôt que d’accepter plus longtemps de rester la cible
d’injures racistes de la part de supporters.
L’instance dirigeante du football européen, l’UEFA, débattra de cette question
lors d’une conférence ''Unis contre le racisme'' qui se tiendra à Varsovie les 3 et 4 mars.
Quelque 250 représentants des associations de football, des clubs, des organisations non gouvernementales
et des médias sont attendus à cette manifestation organisée par l’UEFA, le syndicat des joueurs FIFPro
et le réseau FARE (Football contre le racisme en Europe).
''S’attaquer au racisme et à la discrimination est une importante priorité sociale pour
l’UEFA. Toute une série d’initiatives ont déjà été prises pour identifier les
problèmes, favoriser l’action et permettre la mise en œuvre de sanctions adaptées'', a déclaré un porte-parole.
''L’UEFA souhaite étudier les défis à relever en Europe de l’Est et les
mesures pouvant encore être prises par la famille du football''.
Si les instances du football européen sont à la recherche de « bonnes pratiques »
concernant la manière de traiter les supporters racistes, l’expérience du Royaume-Uni est clairement un
exemple à suivre. Au lieu de se borner à contenir les supporters qui font montre de tels comportements, les
autorités de ce pays s’efforcent de les faire condamner en justice.
En décembre 2008, la police a publié les photos de 16 personnes soupçonnées
d’avoir proféré des injures racistes et homophobes contre le défenseur de Portsmouth et ancien joueur
de l’équipe d’Angleterre Sol Campbell, lors d’un match contre les Spurs.
''Ce genre de comportements est intolérable quel que soit le cadre ou le lieu où ils se
manifestent – le fait que ce soit un match de football n’est pas une excuse recevable'', a estimé le chef de
la police du Hampshire, Neil Sherrington.
''Nous voulons signifier clairement que des insultes de cette nature ne seront pas tolérées,
et qu’il y sera répondu avec intransigeance''.
La police a également annoncé que les supporters condamnés pour injures s’exposaient
à des amendes pouvant s’élever à 1 000 £ et à une interdiction de stade sur le territoire
britannique pouvant aller jusqu’à dix ans.
Pour en savoir plus
Dossier ''Lutte contre le racisme''
Podcast ''Le Conseil de l'Europe contre le racisme dans le football [en]''
Site web de la Division du Sport
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