La pluriculturalité en Europe
Est-ce la fin de la 'pluriculturalité', cet ensemble de principes qui a sous-tendu la relation entre majorités et minorités pendant une génération ?
La publication en mai 2008 du Livre blanc du Conseil de l'Europe sur le dialogue interculturel a indiqué une nouvelle voie. Le Livre reconnaît que les approches traditionnelles de la gestion de la diversité culturelle ne sont plus adaptées aux sociétés qui connaissent un niveau de diversité sans précédent et en constant développement.
Les réponses aux questionnaires transmis aux Etats membres montrent en particulier que l'approche privilégiée jusqu'à peu de l'action publique en ce domaine – résumée sous le terme de ''pluriculturalité'' – s'est révélée inadéquate.
C'est cette préoccupation qui a suscité de nombreuses critiques en Suède, en Autriche, en Belgique, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Italie et au Royaume-Uni.
Au fur et à mesure que le débat s'intensifie, les attitudes se durcissent dans un continent marqué par les bombes dans les transports publics londoniens en juillet 2005, l'affaire des caricatures de Mahomet au Danemark, et les assassinats de Pin Fortuyn et de Théo Van Gogh aux Pays-Bas.
Dans son rapport sur les Pays-Bas publié en mars 2009, le Commissaire aux droits de l'homme, Thomas Hammarberg, souligne l'existence de tendances au racisme et à l'intolérance, notamment d'intolérance envers les musulmans. Il préconise que dans le débat sur l'intégration, les mots soient utilisés avec prudence et précision.
Le Commissaire reconnaît, dans le rapport, que la question de l'intégration est devenue capitale dans la politique nationale et le débat national aux Pays-Bas. Il encourage les autorités danoises à adopter une position ferme contre le courant antiislamique sous-jacent dans la société, à promouvoir un plan d'action national contre le racisme et la xénophobie et à suivre sa mise en œuvre en étroite coopération avec les sociétés civiles.
Il se peut que les Pays-Bas reflètent l'esprit du temps. La récession globale, le terrorisme international, les poseurs de bombes artisanales, la migration croissante et une fatigue générale à l'égard du « politiquement correct » contribuent également à une réévaluation du contrat pluriculturel.
L'ampleur de cette réévaluation reste encore à déterminer mais l'impact des défis se fait ressentir partout. Les gouvernements, les régulateurs des inégalités, les ONG et les militants sont donc contraints à repenser leurs approches sur les questions de la diversité, de la discrimination et de l'identité nationale.
L'impact de cette nouvelle analyse a été révélé au cours des discussions tenues lors de la sur la protection des droits de l'homme dans les sociétés pluriculturelles.
''Durant les périodes de tension, il importe plus que jamais d'adopter une position ferme et commune sur certaines questions'', a déclaré la Ministre de l'Intérieur et des Relations du Royaume des Pays-Bas, Guusje ter Horst.
''Soyons clairs, les droits de l'homme, le principe d'égalité, la liberté d'expression, la liberté de religion et la liberté d'association ne doivent pas faire l'objet de discussions. Ce qu'il nous faut discuter, ce sont les limites à ces droits et les questions que cela soulève au quotidien''.
Toutefois, certains observateurs ne sont pas favorables à une redéfinition de la relation entre majorités et minorités en Europe.
''La campagne toujours plus active contre le pluriculturalité menée par les responsables politiques, les spécialistes et la presse, en Grande-Bretagne et en Europe, est ni innocente ni inoffensive'', dit le docteur A. Sivanandan, directeur de l'Institut britannique pour les relations raciales.
''C'est le prélude à une politique qui prône l'existence d'une culture dominante, un ensemble unique de valeurs, l'hostilité aux immigrants - une politique d'assimilation''.
Pour en savoir plus
Texte de référence : Livre blanc sur le dialogue interculturel
Dossier ''Le dialogue interculturel et interreligieux''
Dossier ''Conférence de la Haye (nov. 2008)"
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