« Peu de membres de l'Assemblée parlementaire ont laissé une telle marque sur l'action politique européenne que Dick Marty. Ses travaux, en plus de rester dans nos mémoires, ont changé la manière dont les enquêtes parlementaires sont menées et mises en œuvre, » a déclaré Tiny Kox, Président de l'APCE. « Cet ami cher, homme politique courageux et allié déterminé nous manquera. Nous nous souviendrons de toutes ses réalisations.
La quête de Dick Marty pour découvrir la vérité derrière les allégations concernant les centres de détention secrets de la CIA après les attentats terroristes du 11 septembre et la « restitution » de suspects terroristes pour de possibles actes de torture et de détention en Europe a constitué un tournant dans la conduite des enquêtes parlementaires. Son rapport pour l'Assemblée parlementaire, publié en juin 2006, a donné des indications sur quatorze États européens qui auraient contribué à la perpétration de ces graves violations des droits de l'homme.
En juin 2007, Dick Marty a signé un deuxième rapport sur les détentions secrètes et transferts illégaux de détenus impliquant des Etats membres du Conseil de l’Europe, contenant des preuves factuelles selon lesquelles des actes de torture avaient eu lieu dans les prisons secrètes de la CIA en Pologne et en Roumanie. Confirmés par la suite par des décisions judiciaires, des enquêtes parlementaires et des sources médiatiques, le rapport et le débat ont attiré l'attention des médias du monde entier et ont conduit à cinq arrêts historiques de la Cour européenne des droits de l'homme. Cela a également incité la commission du renseignement du Sénat américain à enquêter sur les actes de torture commis par la CIA.
En décembre 2010, Dick Marty a publié un nouveau rapport, alléguant cette fois des traitements inhumains et le meurtre de prisonniers pour le prélèvement et trafic illicite d'organes humains par l'Armée de libération du Kosovo, pendant et après la guerre de 1998 et 1999, impliquant Hashim Thaçi, Premier ministre du Kosovo et ancien dirigeant politique de l'Armée de libération du Kosovo. Le groupe d'enquête spécial de l'Union européenne, créé à la suite du rapport, a trouvé suffisamment de preuves pour sanctionner certains individus et a conduit à la création des chambres spécialisées pour le Kosovo à La Haye, et jugent aujourd'hui Hashim Thaci et trois anciens de l'UCK responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Il a également documenté de graves violations dans la région du Caucase du Nord sous domination russe, notamment par les forces sous le contrôle du gouverneur de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.
En tant que rapporteur sur l'euthanasie pour la commission des questions sociales, de la santé et de la famille de l'Assemblée, le rapport de 2003 de Dick Marty appelait les membres du Conseil de l'Europe à collecter des données sur l'aide à mourir, à promouvoir le débat et l'analyse des preuves, et à examiner si des mesures législatives devraient être prises pour exempter les médecins de poursuites dans les cas de suicide assisté, sous certaines conditions strictes. Le rapport et le débat parlementaire animé qu’il a suscité ont permis de réaliser des progrès notables sur ce sujet controversé. Une fois de plus, sa défense infatigable des droits de l’homme et de la dignité a prévalu.
Dick Marty était un homme politique courageux, acharné dans sa quête de justice et convaincu du pouvoir de l'Assemblée parlementaire de défendre les droits de l'homme et l'État de droit dans tous ses États membres. Pour toutes ces réalisations, le Conseil de l'Europe a décerné en décembre son Prix Pro Merito à M. Marty. Les résultats de son travail resteront pour nous rappeler ce grand ami de l’Europe et sa détermination à défendre nos valeurs communes. »