L'Atelier de l'Europe

A la découverte de la collection d’œuvres d’art du Conseil de l’Europe

Ce podcast vous propose de découvrir le Conseil de l’Europe à travers sa collection d’œuvres d’art. Vous apprendrez comment le Conseil de l’Europe, né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a traversé les époques et tissé l’Europe des droits humains, de la démocratie et de l’Etat de droit.

Du Palais de l’Europe, imaginé par l’architecte Henry Bernard, en passant par le buste de Winston Churchill, un morceau du Mur de Berlin ou encore des œuvres plus contemporaines, l’Atelier de l’Europe livre les secrets des œuvres les plus emblématiques d’une collection de quelque 150 œuvres, tableaux, tapisseries ou sculptures.

Dans un dialogue inédit, il croise les récits des artistes et des historiens, les témoignages des diplomates, des personnalités politiques et de celles et ceux qui ont écrit l’histoire du Conseil de l’Europe.

13 épisodes

Retour Le ruban qui danse - Interpénétration

Une forme qui se déploie, qui revient à elle-même… Lucien Wercollier, maître des formes entrelacées, exprime à travers cette sculpture en bronze patiné aux lignes fortes et souples, un point d’équilibre critique, l’idée d’un mouvement de nations qui s’unissent.

Le ruban qui danse

Interpénétration par Lucien Wercollier

Sculpture en bronze patiné

Hauteur : 1,20 m

Don du Luxembourg en 1961

 

Avec (par ordre d’apparition) :

Martine Wercollier, petite-fille de Lucien Wercollier

Lucio Wercollier, petit-fils de Lucien Wercollier

Christian Mosar, historien de l’art et directeur artistique

 

Archives sonores : Lucien Wercollier

 

Producteur : Conseil de l’Europe

Co-producteur : Micro-sillons

Concepteur·es : Charlotte Roux, Antoine Auger

Auteur·es : Charlotte Roux, Antoine Auger, Anne Kropotkine

 

Pour en savoir plus :

Joseph-Émile Muller, Lucien Wercollier, coll. « Les Maîtres de la sculpture contemporaine », Arted, 1976.

Joseph-Émile Muller, Lucien Wercollier, publication de la section des arts et lettres de l’Institut Grand-ducal, imprimerie Saint-Paul, Luxembourg, 1983.

Lucien Wercollier, documentaire audiovisuel de Sophie Langevin et Jacques Raybaut, série « Portraits d’artistes », produit par Samsa Film, 1997.

Catalogue de l’exposition Lucien Wercollier à l’occasion du centenaire de sa naissance, Abbaye de Neumünster, Luxembourg, 2008.


 Transcription

PODCAST INTERPÉNÉTRATION PAR LUCIEN WERCOLLIER

Générique : L’Atelier de l’Europe, à la découverte de la collection d’œuvres d’art du Conseil de l’Europe. Interpénétration par Lucien Wercollier, sculpture en bronze patiné, don du Luxembourg en 1961, avec Martine Wercollier, Lucio Wercollier, Christian Mosar et, dans les archives sonores, la voix de Lucien Wercollier.

Martine Wercollier : Quand on la regarde, on a un peu l’impression d’un ruban qui danse.

Lucio Wercollier : Je la vois comme un ruban qui s’enroule sur lui-même, qui se retourne, en fait qui crée toute une série de mouvements dans l’espace.

Martine Wercollier : Un ruban qui s’élance en hauteur pour finalement caresser également le sol. Et un ruban qui se replie sur soi.

Martine Wercollier : Il y a une verticalité dans laquelle on peut voir se dessiner un triangle transpercé. Et il y a une horizontalité. C’est cette forme de huit à la manière du symbole de l’infini. Et quand on regarde les arêtes du huit, finalement on voit là une espèce de substance bien plus charnelle, bien plus organique. Et quand on regarde l’élancement de la partie triangulaire, on voit des arêtes bien plus pures, bien plus linéaires. Et il y a un vide, et ce vide permet finalement l’expression de toutes ces tensions et de toutes ces énergies différentes.

Christian Mosar : Wercollier était un peu le maître des formes entrelacées. Cette manière de faire se joindre des éléments organiques, semi-organiques, des formes rondes qui nous semblent très familières, parfois sensuelles, et les joindre d’une manière à ce qu’elles semblent être nées d’un morceau, d’un jet, d’un geste. C’est vraiment cette interpénétration de deux éléments qui se joignent et qui sont en train peut-être de faire un tout.

Christian Mosar : C’est une œuvre massive, faite pour l’extérieur, c’est clair.

Martine Wercollier : C’est du bronze patiné. C’est un bronze spécifique qui ne souffre pas des intempéries.

Christian Mosar : Wercollier était quelqu’un qui avait choisi justement les matériaux les plus difficiles, la pierre et le métal. Mais quand on regarde ses travaux, ce qui est très massif et aussi fait avec des matériaux très lourds comme le bronze, semble très léger. Et ça, c’est un accomplissement de son travail.

Christian Mosar : Wercollier, clairement, il a commencé sa véritable démarche vers l’abstraction, disons plus dure ou plus claire, vers la deuxième moitié des années 50. Il a participé à des groupes d’artistes au Luxembourg, un groupe qui s’appelait les Iconomaques, qui a joué un rôle très important et c’était en 54-55, alors que là, nous sommes seulement cinq, six ans plus tard. Donc, c’est une évolution très, très rapide et vraiment avec les Iconomaques, il s’est complètement détaché de la figuration et c’était un des premiers au Luxembourg à faire cela.

Christian Wercollier : Mais j’ai toujours des doutes pour dire que c’était une abstraction pure. Je pense que le point de départ figuratif pour lui jouait jusqu’à la fin de son œuvre un rôle. C’est pour ça qu’il y a souvent cette proximité aux formes naturelles.

Lucien Wercollier : Ce qui m’a donné vraiment un coup de renouveau, c’est lors d’un voyage de plaisir que nous faisions en Bretagne. Je découvrais là sur la plage deux énormes galets qui étaient superposés l’un sur l’autre. Et j’étais vraiment saisi par la force de ces galets qui étaient là dans la nature. Je disais à ma femme : “Regarde ces galets. Ils se présentent à la nature de tous les côtés”. Et c’est ça le secret.

Lucio Wercollier : Et je pense que cette expérience, il nous l’a souvent racontée.

Martine Wercollier : C’est un souvenir très important parce que, après les camps de concentration, mon grand-père a eu une période où il n’était plus du tout capable de sculpter. Et, au bout de quelque temps, ils sont partis donc faire des vacances. Et je pense que ça a été aussi un moment de retrouvailles en famille après cette expérience si dure des camps. Et là, il a vu ce galet et ça a été une révélation au premier regard, on va dire quelque part. Et c’est ce galet qui va lui permettre de travailler toutes les formes sculpturales qu’il voudra aborder. Il aura toujours cette idée de la sculpture qui doit être vue sous tous ses angles.

Lucio Wercollier : Ça lui a permis de sortir de la statuaire classique, avec le piétement, l’œuvre posée sur une base. 

Martine Wercollier : D’où cette remarque de Henry Moore :

Lucien Wercollier : “Vous faites de la sculpture pour les aveugles”

Martine Wercollier : Ce sont des sculptures, effectivement, si on ferme les yeux, on peut les toucher sous tous leurs aspects. Et c’est une découverte sensuelle, réellement, de promener ses mains sur ces textures douces. C’est l’idée en fait que la sculpture est accessible à tout le monde.

Martine Wercollier : Une des forces de l’œuvre de mon grand-père est réellement qu’à travers des formes qui semblent simples, évidemment il y a une complexité de lectures, de possibles qui émerge.  

Christian Mosar : Il y a là un vocabulaire des formes qui est à mon avis clairement influencé par la modernité des années 50 et 60.

Martine Wercollier : Quand on regarde bien l’œuvre, on peut se dire qu’il y a plusieurs liens entre l’œuvre et la pensée de l’Europe.

Christian Mosar : À cette époque-là, en 1961, on parlait d’Europe d’une manière très différente d’aujourd’hui. Le Luxembourg est un des États fondateurs de l’Europe qui fait partie du Benelux. Il y a aussi l’histoire du charbon et de l’acier qui ont formé les prototypes de tout cela. Et bien, tout cela, Wercollier le connaissait très, très bien.

Lucio Wercollier : Cette idée d’une forme qui se déploie, qui revient à elle-même, reflète bien l’idée d’un mouvement de nations qui s’unissent. Et puis je trouve qu’elle a quelque chose de particulier, c’est qu’à la fois il y a des mouvements dans laquelle elle se replie sur elle-même, donc elle revient dans un espace intérieur et à la fois donc elle s’affirme aussi sur l’extérieur. Donc je pense que ça reflète aussi ces deux dimensions de créer une union pour être soudés et aussi pour pouvoir s’insérer dans une communauté plus large.

Générique : C’était Interpénétration par Lucien Wercollier pour L’Atelier de l’Europe, un podcast du Conseil de l’Europe créé par Charlotte Roux, Antoine Auger, Anne Kropotkine, avec Martine Wercollier, Lucio Wercollier, Christian Mosar et, dans les archives sonores, la voix de Lucien Wercollier. D’autres épisodes sont à retrouver sur le site du Conseil de l’Europe.


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04 Avril 2025
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