Le Secrétaire Général, Thorbjørn Jagland, a fait la déclaration suivante :
« Hier soir, j’ai eu une conversation téléphonique avec M. Binali Yıldırım, Premier ministre de la Turquie, pour discuter des derniers développements intervenus dans le pays.
Un an après la tentative de coup d’État, je lui ai dit qu’il fallait se souvenir de cet événement pour ce qu’il était : une attaque inadmissible visant un gouvernement élu démocratiquement et l’un des plus graves défis auxquels la démocratie turque ait eu à faire face dans toute son histoire.
Je lui ai ensuite fait part de ma vive inquiétude concernant la situation de Nuriye Gülmen (universitaire) et Semih Özakça (instituteur). Ils sont tous deux en détention provisoire et leur état de santé est maintenant considérablement dégradé en raison de la poursuite de leur grève de la faim. J’avais déjà demandé qu’ils soient remis en liberté et je continue à le faire.
Mais j’appelle aussi Nuriye Gülmen et Semih Özakça à cesser leur grève de la faim. Je tiens à ce qu’ils aient l’assurance que leurs voix ont bien été entendues. Il faut maintenant qu’ils soient en bonne santé pour défendre efficacement leurs droits.
J’appelle en outre tous les proches de Nuriye Gülmen et Semih Özakça à les aider à mettre un terme à leur grève de la faim.
J’ai aussi fait part au Premier ministre de ma très vive inquiétude concernant le placement en détention provisoire dans l’attente de leur procès, le 18 juillet, de défenseurs des droits de l’homme hautement respectés et connus, parmi lesquels la directrice d’Amnesty International en Turquie, Idil Eser, et deux formateurs venus d’Allemagne et de Suède, pour leur prétendu soutien à une organisation terroriste.
J’ai dit au Premier ministre que, selon un principe bien établi du Conseil de l’Europe, confirmé par la jurisprudence de la Cour de Strasbourg, les défenseurs des droits de l’homme doivent pouvoir exercer leurs activités librement sans subir d’ingérences arbitraires de la part des autorités. Des accusations aussi graves que celles qui concernent des infractions en matière de terrorisme doivent être étayées par des preuves sérieuses et concrètes afin de ne pas créer une atmosphère d’arbitraire conduisant à la peur, à l’autocensure et à la paralysie au sein de la société civile turque.
Les magistrats turcs doivent appliquer les principes énoncés dans la jurisprudence de la Cour de Strasbourg en ce qui concerne la détention provisoire.
Enfin, nous avons parlé de la nouvelle Commission habilitée à contrôler les mesures prises en application des décrets-lois adoptés dans le cadre de l’état d’urgence. J’espère que la Commission, qui a commencé à recevoir des demandes lundi dernier, accordera réparation à tous ceux qui réclament justice.
Compte tenu de l’état de santé particulièrement préoccupant de Nuriye Gülmen et Semih Özakça, j’ai indiqué au Premier ministre qu’il était de la plus haute importance que la Commission s’occupe de leur cas en priorité ».