Lors de sa dernière apparition devant l’Assemblée parlementaire avant l’élection de son successeur, qui aura lieu en juin, le Secrétaire Général, Thorbjørn Jagland, a répondu à plusieurs questions sur la crise budgétaire de l’Organisation causée par le non-paiement, depuis près de deux ans, des contributions dues par la Fédération de Russie. Il a rejeté les suggestions selon lesquelles il existerait d’autres solutions viables que le plan de contingence budgétaire qui sera appliqué dans le courant de l’année, comme demander de l’argent à l’Union européenne ou contracter un emprunt auprès d’une banque. M. Jagland a déclaré que l’UE peut financer des projets individuels, par exemple en Ukraine, mais qu’elle n’est ni un « oncle riche » ni un distributeur de billets pouvant alimenter le budget ordinaire ; le budget, a-t-il souligné, doit être financé exclusivement par les fonds publics des États membres du Conseil de l’Europe. Pour ce qui est de contracter un emprunt, il a indiqué qu’aucune banque ne serait disposée à ouvrir un crédit à durée indéterminée, sans savoir combien d’argent sera emprunté ni pour combien de temps.
En réponse à une question sur les conséquences du départ de la Russie du Conseil de l’Europe, M. Jagland a déclaré qu’un « Ruxit » produirait une Europe différente, marquée par le clivage entre la Russie, dont les 140 millions de citoyens seraient privés d’accès à la Cour européenne des droits de l’homme, et le reste du continent.
Interrogé sur les résultats contestés des élections municipales à Istanbul, M. Jagland a expliqué que le Congrès a été la seule institution internationale à observer les élections municipales en Turquie, ajoutant que le Conseil de l’Europe suivait attentivement la situation dans la plus grande ville du pays.
Répondant à une question sur l’impact de la plateforme du Conseil de l’Europe pour la protection des journalistes, mise en place en 2015, le Secrétaire Général a souligné que 12 organisations de journalistes parmi les plus prestigieuses du continent sont des partenaires satisfaits de la plateforme. Il a reconnu que des problèmes avaient été rencontrés avec certains États membres, mais dans plusieurs cas des solutions avait été mises en œuvre avec succès.
À la question de savoir quels conseils il donnerait à son successeur après avoir passé 10 ans à la tête de l’Organisation, M. Jagland a répondu qu’il aurait trois suggestions à faire. D’une part, l’« acquis » du Conseil, notamment la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte sociale et les nombreuses conventions, devrait être protégé et préservé. D’autre part, la Cour européenne des droits de l’homme devrait être protégée. Enfin, l’acquis devrait être élargi pour relever les nouveaux défis auxquels l’Europe est confrontée, tels que l’intelligence artificielle et l’esclavage moderne.