Les théories sur la sexualité et le genre font appel à différents termes, par exemple le sexe, le genre, l’identité de genre, les expressions de genre, les rôles de genre et l’orientation sexuelle. Il est important d’être clair sur la signification de ces termes.


Le genre est une thématique à la croisée de questionnements sur la société, mais aussi sur le droit, la politique et la culture, qui est fréquemment abordée en relation à d’autres aspects de l’identité et de la position sociale – comme la classe sociale, l’ethnie, l’âge et l’aptitude physique. C’est un thème qui trouve aussi sa place dans les débats politiques et sociaux, dont le contexte culturel va être déterminant.

« Genre » est un mot lourd de sens : employé par les hommes et femmes politiques et les personnalités publiques, il a alors une connotation négative, associée par exemple à la « police des mœurs », ou à une idéologie qui « menacerait nos enfants ». Ce sont là des exemples de la façon dont le genre peut être mal compris et politisé.

Il est des langues qui n’ont pas de mot pour « genre ». Dans de tels cas, c’est le mot « sexe » qui est généralement utilisé et, pour distinguer le sexe du genre, des différents termes peuvent être employés : on va parler de « sexe biologique » pour désigner le « sexe » et de « sexe culturel et social » pour désigner le « genre ».

Cependant, même lorsque les termes existent dans une langue, « sexe » et « genre » sont souvent utilisés de façon interchangeable.

Définitions du sexe et du genre

Un certain nombre de définitions ont été proposées par différentes organisations ; elles constituent un point de départ utile pour la discussion.
 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) résume la différence entre le sexe et le genre de la manière suivante :
Le mot sexe « se réfère aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes, comme les organes reproductifs, les chromosomes, les hormones, etc. ».
Le mot genre « sert à évoquer les rôles qui sont déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes ». Variable d’une société à l’autre et modifiable, le concept de genre comprend cinq dimensions importantes : relationnelle, hiérarchique, historique, contextuelle et institutionnelle. Bien que la plupart des gens naissent de sexe masculin ou féminin, on leur enseigne les normes et les comportements appropriés – y compris la façon dont ils doivent interagir avec d’autres personnes du même sexe ou de sexe opposé dans les ménages, les communautés et les lieux de travail. Lorsque des individus ou des groupes ne « correspondent » pas aux normes de genre établies, ils sont souvent victimes de stigmatisation, de pratiques discriminatoires ou d’exclusion sociale, qui ont toutes des effets négatifs sur la santé17».


La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) est le premier instrument international de défense des droits humains à contenir une définition du genre. À l’article 3, le terme « genre » est défini comme « les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes. »18


L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, un organisme autonome de l’Union européenne, fournit des définitions très complètes du sexe et du genre : « Le mot sexe se réfère aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes. Bien que ces caractéristiques biologiques ne s’excluent pas mutuellement, puisque certaines personnes possèdent les deux, elles tendent à différencier les êtres humains en tant qu’hommes et femmes. » « Le genre fait référence aux attributs et opportunités sociaux associés à la masculinité et à la féminité et aux relations entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons, ainsi qu’aux relations entre les femmes et celles entre les hommes. Ces attributs, opportunités et relations sont socialement construits et appris à travers les processus de socialisation. Ils sont ponctuels, variables et liés à un contexte spécifique. Le genre détermine ce qui est attendu, permis et estimé chez une femme ou un homme dans un contexte donné. Dans la plupart des sociétés, il existe des différences et inégalités entre les femmes et les hommes en ce qui concerne les responsabilités assignées, les activités entreprises, l’accès à et le contrôle des ressources et les possibilités de prise de décisions. Le genre s’insère dans le contexte socioculturel plus large. D’autres critères importants pour l’analyse socioculturelle sont la classe sociale, la race, le niveau de pauvreté, le groupe ethnique et l’âge. »19

D’autres définitions ont été proposées20, mais les différences générales entre les deux termes peuvent se résumer comme suit :

 Sexe

  • Le « sexe » fait référence aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes (comme les gonades, les organes reproductifs, les chromosomes, les hormones).
  • Le sexe est généralement attribué à la naissance (parfois plus tard, lorsque les caractéristiques sexuelles n’indiquent pas clairement le sexe du bébé, par exemple dans le cas des personnes intersexuées).
  • Le sexe peut être changé : dans le cas des personnes transsexuelles, qui sont nées avec les caractéristiques sexuelles d’un sexe et l’identité de genre de l’autre, des chirurgies de changement de sexe sont effectuées.
     

Genre

  • Le genre est une construction sociale, psychologique et culturelle qui s’effectue dans le cadre du processus de socialisation. Différentes sociétés et cultures peuvent donc avoir des conceptions différentes de ce qui est « masculin » ou « féminin ». Les sociétés mettent en place des normes et des attentes liées au genre, que les individus assimilent au cours de leur vie – y compris dans la famille, à l’école et à travers les médias. La somme de ces influences impose certains rôles et modèles de comportement à l’ensemble des membres de la société. Les normes de genre – souvent limitées aux notions de masculinité et de féminité – évoluent au fil du temps, mais sont généralement basées sur un ordre hétéronormatif qui prévoit qu’il y a deux sexes (genres) et qu’ils sont attirés l’un par l’autre. Les personnes qui ne semblent pas relever de cette notion binaire de genre sont souvent victimes d’exclusion, de discrimination et de violence.
  • Le genre est à la fois une catégorie analytique – une façon de réfléchir à la façon dont sont construites les identités – et une idée politique de la répartition du pouvoir dans la société.
  • Les normes de genre sont apprises et intériorisées par l’ensemble des membres de la société.
  • Les normes de genre varient d’une culture à l’autre et au fil du temps.
  • Les normes traditionnelles de genre sont hiérarchiques : elles présupposent une structure de pouvoir inégale liée au genre qui désavantage surtout les femmes.
  • Le genre n’est pas nécessairement défini par le sexe biologique : le genre d’une personne peut correspondre ou non à son sexe biologique. Le genre est plus une question d’identité et de ressenti personnel. Des personnes peuvent s’identifier comme hommes, femmes ou transgenres, tandis que certaines se retrouvent dans d’autres catégories, d’autres encore dans aucune de ces catégories (dites « indéterminées »/ « non spécifiées »). Les personnes qui ne s’identifient pas comme hommes ou femmes sont souvent regroupées sous les termes généraux « non-binaires » ou « genderqueer » ; mais, en réalité, l’éventail des identifications en termes de genre est illimité.
  • Le genre est très personnel et propre à chaque individu : certaines personnes reconnaissent leur identité de genre dès l’enfance, d’autres seulement plus tard.
  • Le genre recoupe d’autres catégories, comme la classe sociale, la couleur de la peau, l’origine ethnique ou le handicap. En savoir plus sur l’intersectionnalité.
  • Le genre est quelque chose que nous exprimons (expression du genre), parfois intentionnellement, parfois sans réfléchir. Nous communiquons notre genre de plusieurs façons, par exemple par notre façon de nous habiller, de bouger, de nous coiffer et d’interagir avec les autres21.

L’expression du genre peut varier d’une personne à l’autre ou selon les situations, mais la plupart des personnes peuvent identifier sur la gamme des expressions du genre là où elles se sentent le plus à l’aise. Certaines sont à l’aise avec un plus grand éventail d’expressions de genre que d’autres.

Le genre peut sembler être une idée compliquée mais, dès lors que l’on remet en question le déterminisme biologique qui prévaut dans la perception quotidienne des différences entre femmes et hommes, il devient plus facile de le comprendre.

Les aspects relatifs au sexe ne changent pas beaucoup d’une société humaine à une autre et dans le temps, tandis que les aspects de genre varient fortement.

 

Quelques exemples de caractéristiques sexuelles

  • Les femmes peuvent avoir leurs menstruations tel n’est pas le cas pour les hommes.
  • Les hommes ont des testicules et les femmes n’ont en pas.
  • Les femmes développent des seins et peuvent normalement allaiter.
  • D’une façon générale, les hommes ont de plus gros os que les femmes.

 

 

Quelques exemples de caractéristiques de genre

  • Dans la plupart des pays, les femmes gagnent sensiblement moins que les hommes pour un travail similaire.
  • Dans certains pays, l’industrie du tabac cible les femmes en « féminisant » certains emballages de cigarettes (petits étuis qui reprennent les codes de la cosmétique et de la minceur, utilisation de couleurs « féminines », comme le rose).
  • Presque partout dans le monde, les femmes font plus de travaux ménagers que les hommes.
  • Dans certains pays, la loi autorise les gens à épouser un.e partenaire du même sexe ; dans d’autres, cela n’est pas autorisé.